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« Le parfum de l’exil » : Les secrets d’un héritage familial dévoilés

J’ai voulu commencer ce roman sans lire une ligne de son résumé. Je n’avais aucune idée des sujets évoqués. Aussi quand je les ai découverts, j’ai d’autant plus été bouleversée. Taline est une jeune femme d’une trentaine d’années qui vient de perdre Nona, sa grand-mère qui fut à la fois une mère pour elle mais aussi un maître dans son art, la création de parfums. Taline hérite de la maison de la défunte, de la société de production de parfums et de trois carnets, véritable témoignage de Louise, son arrière-grand mère. Nous découvrons sa vie en même temps que Taline qui n’a aucune connaissance de son passé, si peu de ses origines et encore moins des épreuves traversées par ses ancêtres et sa propre mère.

Nous sommes donc dans une double temporalité entre l’époque actuelle et les années 1915 marquées par le génocide arménien. Une période dont j’ignorais tout que l’auteure dépeint avec horreur et violence. Le contraste entre la vie de Louise avant le génocide, chérie par sa famille, son grand-père, vivant dans une oasis de bonheur et l’errance quand son peuple est persécutée, quand elle doit survivre avec sa sœur, est saisissant. L’auteure ne nous épargne rien et c’est ce qui fait la force du roman. Rien est gratuit, tout à un sens et nous permet de réaliser l’atrocité du génocide arménien. Mais au-delà de ce massacre, il y a un autre sujet qui apparaît en filigrane au début puis qui se fait de plus en plus fort, vibrant et présent au fur et à mesure des chapitres, celui du rapport mère-fille mettant en exergue une psychogénéalogie, un traumatisme filial légué de générations en générations. Les carnets de Louise offrent à Taline toutes les clés de compréhension de son héritage familial et de ses propres difficultés aujourd’hui.

Taline apprend donc avec brutalité l’histoire de cette arrière grand-mère dont elle ne sait rien. Et en parallèle de cette lecture, elle poursuit sa route seule, sans son pilier, avec cette idée en tête de créer un parfum en hommage à sa grand-mère, son repère de toujours. Arrive alors une myriade de senteurs, d’odeurs décrites de telle sorte que notre nez est sans cesse sollicité. Cette dimension ajoute une véritable profondeur olfactive au roman et offre un relief surprenant au manuscrit. De la plus pure des odeurs, délicieuse, volatile et suave à la plus atroce, sanguinaire, froide, minérale et acide, ce roman est un parfum à lui tout seul. Le parfum du passé, du temps qui passe et de l’espoir.

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