Drame·Impressions littéraires

« Filles du vent » : Une histoire de fugue commune autour du mouvement #noustoutes

Assa, Lina et Céline. Un trio social, un trio d’adolescentes placées à l’ASE, l’Aide Sociale à l’Enfance à Argenteuil. Elles se parlent peu mais ont en commun une enfance bousillée, égratignée. Une bonne dose de plaies encore à vif et béantes. Chacune tente d’avancer, de faire un pas après l’autre, de faire face aux violences, aux brutalités des autres camarades. Elles se mettent des œillères et entrent dans leur bulle pour éviter de nourrir quelconque amitié, sentiment et attachement. Assa se cache derrière son intellect, son intérêt pour les livres, les exposés, les cours, son avenir, son envie de carrière de journaliste. Céline de son côté décroche de l’ASE, elle fugue souvent et se retrouve dépendante de Malik qui l’utilise pour satisfaire les pulsions sexuelles de ses « amis ». Et il y a Lina qui dissimule sa féminité derrière ses pulls larges et son franc parler.

Mathilde Faure se sert de sa propre expérience d’éducatrice spécialisée pour relater à tour de rôle le parcours initiatique de ces trois jeunes femmes. Elle relate leur quotidien au sein de l’ASE, leur relation avec les éducs et leur cheminement intérieur. Elle se sert de ce qu’elle a pu observer à longueur de journées pour construire ces profils réalistes et touchants. Et à partir de ces observations, elle construit cette histoire de fugue commune en surfant sur le mouvement #noustoutes créé en 2018. Un fait d’actualité et de société déterminant pour Lina, Assa et Céline qui trouvent en cette motivation mutuelle de quoi panser leurs blessures, une occasion de se révéler et de faire entendre leurs voix en collant leurs slogans, leurs mots, leurs idées.

La main gauche posée sur ma bouche, une larme coule le long de ma joue. Ce n’est pas une larme de tristesse, ni de douleur. Elle ressemble plutôt à la larme de la sororité.

Lina part d’un constat en assistant à une manifestation. Où sont les filles comme elles ? Les maltraités, les violés, les isolées, celles que les parents oublient, battent, abandonnent … Ce point de départ va lui donner envie de suivre sa propre route, de se servir de cette vague nationale et massive pour délivrer un message différent en lien avec sa situation de placement. Mais pour se faire, elle a besoin d’Assa et Céline. Elles trouvent dans les autres ce qui lui manque et inversement. A trois, elles commencent à se sentir plus fortes et comprises. J’ai trouvé l’utilisation de ce fait d’actualité pour le transformer et l’ouvrir à un autre point vue très judicieux et intéressant. Le rythme choisi, passant d’un personnage à un autre, offre une dynamique de l’urgence. Même si Mathilde Faure ne lésine pas sur le passé bouleversant de chacune d’elles, je l’ai malgré tout trouvé quelque peu édulcoré, pas assez approfondi, il m’a manqué l’émotion, l’effroi à la lecture. Je n’ai pas été touchée comme je m’y attendais. Même si le mouvement #noustoutes est un excellent point de départ, le roman est trop court, les mots et les tournures de phrases associés au « je » ne correspondent pas au ton utilisé quand Assa, Lisa et Céline dialoguent. Il y a un vrai décalage.

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