Policier/Thriller

« Arène » : Un roman choral doublé d’un effet domino sur fond de cités parisiennes

S’il fallait qualifier ce roman, je dirais qu’il s’agit avant tout d’un roman choral avec sa dose de personnages qui ont tous des liens entre eux sans pour autant en avoir conscience. Nous passons de l’un à l’autre comme un film qui se déroule scène après scène. J’ai d’ailleurs trouvé son écriture très cinématographique.

Résumé : Benjamin Grossman veut croire qu’il a réussi, qu’il appartient au monde de ceux auxquels rien ne peut arriver, lui qui compte parmi les dirigeants de BeCurrent, une de ces fameuses plateformes américaines qui diffusent des séries à des millions d’abonnés. L’imprévu fait pourtant irruption un soir, banalement : son téléphone disparaît dans un bar-tabac de Belleville, au moment où un gamin en survêt le bouscule. Une poursuite s’engage jusqu’au bord du canal Saint-Martin, suivie d’une altercation inutile. Tout pourrait s’arrêter là, mais, le lendemain, une vidéo prise à la dérobée par une lycéenne fait le tour des réseaux sociaux. Sur le quai, les images du corps sans vie de l’adolescent, bousculé par une policière en intervention, sont l’élément déclencheur d’une spirale de violences. Personne n’en sortira indemne, ni Benjamin Grossmann, en prise avec une incertitude grandissante, ni la jeune flic à la discipline exemplaire, ni la voleuse d’images solitaire, ni les jeunes des cités voisines, ni les flics, ni les mères de famille, ni les travailleurs au noir chinois, ni le prédicateur médiatique, ni même la candidate en campagne pour la mairie.

Il y a Sam, cette femme policière, Camille, qui révolutionne son monde à coup d’images volées et diffusées sur la toile, Stéphane, porte parole, activiste invétéré, Benjamin embrigadé dans sa réussite perpétuelle, son quotidien ficelé, sa vie enfermée sur son téléphone portable, la mère de ce dernier qui recueille un Afghan, Issa, ce jeune à capuche retrouvé mort sous un pont … Un évènement qui va faire le tour du net et qui va tous les catapulter dans un enchainement et un déchainement de violence, de doutes, d’injustice, de torpeur et de sidération. Un effet domino, un effet boomerang plutôt bien maitrisé de la part de l’auteur mais qui a certains moments a eu tendance à me perdre. A trop vouloir jouer sur ce tableau là, des vies imbriquées, de la minute qui passe, de l’action anodine qui change la suite des événements, j’ai souvent froncé les sourcils.

L’histoire de l’humanité est jonchée de vies détruites à cause d’une minute d’inattention ou de négligence, ou d’un événement sans importance, mais qui fait basculer soudain dans l’horreur.

Malgré tout, on se prend facilement au jeu et on comprend ce que tente de dénoncer l’auteur : les violences policières, la guerre des cités, des clans, les contrôles au faciès, la réussite de certains gamins de cité qui finissent par s’en sortir, la gestion de l’immigration, l’échiquier politique qui mène la danse … Des thématiques qu’il n’est pas évident d’aborder sans tomber dans la facilité des clichés. Négar Djavadi nous les glisse insidieusement au travers chacun de ses personnages qui ne sont ni tout blanc, ni tout noir. Ils jouent sur les limites tout en nous livrant une bataille sans fin, une guerre morale, psychologique et collective. Le titre est parfaitement bien trouvé. Arène.

Paris en est une, les quartiers, le bureau dans lequel se retrouve Benjamin pour négocier les contrats avec des producteurs et scénaristes en tout genre, le commissariat de Sam, les plateaux télé, les réseaux sociaux … A toutes les échelles, les lieux où se déroule l’action, où les rouages se disloquent, les conflits font rage et nous comprenons très vite que personne n’en sortira indemne.

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