C’est un drame familial qui se joue ici. Un drame offert par l’auteure du livre « L’art du meurtre », Chrystel Duchamp. Nous sommes en Provence. Au milieu d’un domaine viticole reconnu et plébiscité se dresse une maison d’architecte. Une sublime cage dorée, une tour imprenable où vit depuis des générations la famille Belasko bien connue dans la région. Les rumeurs vont d’ailleurs bon train à son sujet. Il semblerait qu’une malédiction plane au-dessus de ce clan mais jamais personne n’a pu en avoir le cœur net. Dans La Casa Belasko vivent André et sa femme. Le couple y réside seul depuis le départ de la fratrie. Deux sœurs et trois frères : Philippe, David, Matthieu, Garance et Solène.
Tous ont tracé leur route mais un point commun les unit. Cette maison, leurs parents et les déboires de leur existence. Quand après la disparition de leur mère, c’est le patriarche qui succombe à un cancer, tous les cinq se réunissent pour découvrir le testament laissé par cette figure autoritaire. Mais les choses ne se passent pas comme prévu, les rancœurs, les aigreurs, la haine, la jalousie refont surface et le mal s’immisce dans leurs veines en une seule soirée.
Les émotions non exprimées ne meurent jamais. Elles sont enterrées vivantes et libérées plus tard de façon plus laides.
Je n’ai pas lu le premier livre de Chrystel Duchamp mais s’il est dans la même veine que celui-ci je devrais rapidement m’y plonger. Elle nous offre ici un huis clos saisissant dans une vaste demeure qu’elle personnifie. Témoin ultime des secrets de cette famille, la demeure Belasko vibre, souffre et pleure devant ce qui se joue ici. L’auteure nous offre un père paranoïaque transformant sa maison en véritable citadelle, coffre-fort de tous les maux, une boîte de Pandore d’où rien ne doit surgir. La maison est un personnage à part entière, une entité à craindre, elle nous apparait étouffante et oppressante.
Et en son sein, ces cinq frères et sœurs, du même sang mais si différent. Garance, une cheffe renommée qui tombe dans l’oubli, Philippe un tombeur invétéré cumulant les divorces, Matthieu, père et mari violent en proie à l’alcool et aux drogues, Solène, la diabétique dont l’état la dispense de tout effort et David, as de la bourse qui semble ne souffrir d’aucun défaut marquant. L’auteure fait d’une simple réunion de famille dans des circonstances malheureuses certes le théâtre d’un film d’horreur, d’une inépuisable violence grimpant crescendo. Chaque chapitre nous offre l’histoire, les flashs back, les pensées de chacun des frères et sœurs. Ainsi, Chrystel Duchamp nous guide dans les interstices mentales de ces caractères qui souffrent et qui se perdent. Ils s’en veulent les uns aux autres mais nous peinons à tirer le fil du dysfonctionnement de cette famille jusqu’à ce que tout éclate.
C’est la panique qui finit par nous gagner. Je me suis demandée : « Mais jusqu’où vont-ils aller dans l’horreur ? N’éprouvent-t-ils donc aucune honte, aucune culpabilité ? ». Imaginez un instant, 5 personnes que tout oppose, enfermés toute une nuit dans une maison dont il est impossible de sortir. J’en ai encore des frissons ! J’aimerais vous en dire plus et vous dévoiler deux, trois clés de compréhension mais ce serait vraiment gâcher la lecture. Alors je ne dis plus rien !
« Le sang des Belasko » édité par les Editions L’Archipel est une véritable enquête de l’intérieur, que coupables et innocents vont devoir résoudre eux-même orientés comme il se doit par un père mort. La seule question qu’il faut alors se poser c’est : « Qui en sortira vivant ? »
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