On poursuit le trio du Prix des lecteurs Le Livre de Poche avec la lecture d’Annabelle de Lina Bengsdotter une auteure suédoise qui signe ici son premier roman. Comme beaucoup de thriller il est question d’une disparition dans une petite ville nommée Gullspang. Annabelle, une jeune adolescente disparait après une soirée dans un squat en plein milieu d’un bois. Charlie Lager, une inspectrice de Stockholm, originaire de cette même petite ville, est sollicitée sur cette affaire. Un retour aux sources pour elle très difficile à vivre.
Résumé :
En quittant Gullspång à l’âge de quatorze ans, Charlie Lager s’était juré de ne plus jamais y retourner. Mais cette petite ville perdue en plein cœur de la Suède, où chômage et alcool ont peu à peu érodé tout espoir d’un avenir meilleur, est aujourd’hui sous le feu des projecteurs. Annabelle, dix-sept ans, a disparu au cours d’une fête à laquelle elle avait pourtant l’interdiction de se rendre. Cela fait quatre jours qu’elle n’a plus donné signe de vie. Devenue inspectrice à la brigade criminelle de Stockholm, Charlie est envoyée sur place pour enquêter. Fugue, enlèvement, suicide, meurtre ? Toutes les hypothèses sont permises. Toutefois, une chose est sûre : pour retrouver Annabelle, Charlie devra combattre ses vieux démons et déterrer ce qu’elle avait mis tant d’années à enfouir au plus profond d’elle-même.
Un quotidien anarchique et ouvrier
L’auteure fait de cette bourgade suédoise un tableau suintant, alcoolisé, entouré de vapeurs de cigarettes, de machos transpirant, de sexe et de violence. Un tableau qui ne donne pas envie. Un tableau alourdi par les descriptions peu envieuse d’un quotidien anarchique et ouvrier. Survivre. C’est ce que tous tentent de faire. Ils ne vivent pas, ils survivent. Mais malgré la violence environnante, un élan de solidarité surgit.
Le lecteur est face à l’ambivalence de la situation. J’ai tout de suite été convaincue qu’un des membres de cette communauté avait fait le coup. La réflexion somme toute très clichée comme si forcément dans cette bourgade grise et poussiéreuse le meurtre faisait partie de leur ADN. Puis le doute survient. Lina Bengsdotter leur prête un élan de solidarité que je n’avais pas vu venir et alors la toile d’araignée s’épaissit brusquement.
Charlie jeta un coup d’œil par les vitres sales du restaurant. Le soleil brillait, bien qu’il fût bientôt vingt et une heure. Le cytise planté sur le bout de gazon entre le motel et la fonderie tenait encore le coup.
L’ambivalence d’Annabelle
Ambivalence du personnage d’Annabelle qui tantôt apparait comme une jeune femme extravertie, séductrice, amoureuse et passionnée, tantôt comme une adolescente sans histoire, spirituelle et grande lectrice. Le flou est total. Et l’enquête peine à progresser surtout que nous avons affaire à une enquêtrice, Charlie, un tantinet border et pour cause, l’auteure nous offre en parallèle de l’affaire, son passé à Gullspang avec sa mère et forcément elle y retrouve des ami.e.s d’enfance qu’elle va devoir ajouter à sa liste de suspect.
Un thriller qui se laisse lire mais sans grande conviction non plus. Je dois avouer que j’ai toujours eu beaucoup de mal à adhérer au style d’écriture des auteurs suédois. Et j’espérais qu’Annabelle ferait l’exception. Un peu mais sans plus ! Un élément de langage m’a surtout « perturbée ». L’emploi du « tu » généralisé. Volonté de l’auteur, du traducteur ou de la maison d’édition, toujours est-il que ce choix est étrange et a parfois bloqué ma lecture.