Cet été, j’ai participé à mon premier swap littéraire avec Nina a lu (@nina_a_lu sur Instagram) sur l’initiative d’Estelle (@petite_lectrice sur Instagram). Dans le colis reçu, ce roman, Victoria et les Staveney, Prix Nobel de littérature. Un petit livre d’une centaine de pages dont je n’avais pas du tout entendu parler. J’aime les livres courts et suis toujours très impressionnée par cette capacité qu’ont certains auteurs à raconter une histoire en si peu de pages tout en conservant ce qu’il faut de rebondissements, de surprises, d’aspérités et de plaisirs. Ce roman est un vrai petit bijou, doux et frais avec pourtant une toile de fond social prenante .
Résumé :
Victoria a neuf ans lorsqu’elle pénètre pour la première fois dans l’univers luxueux des Staveney, une riche famille blanche de Londres. Pour cette petite fille noire issue d’un milieu modeste, c’est un choc. Des années plus tard, lorsqu’elle leur présente Mary – la fille née de sa liaison avec leur fils Thomas – et qu’ils l’accueillent à bras ouverts, Victoria les laisse s’immiscer dans l’éducation de l’enfant, loin d’imaginer les conséquences d’une telle décision.
Une chronique sociale à lire comme un conte
Avec Victoria et les Staveney, j’ai eu la sensation de lire un conte, une fresque initiatique avec tous ces personnages aux rôles bien définis. Le prince charmant (Edward, Thomas …), la marraine attachante et protectrice (Phyllis Chadwick), la « soeur » (Bessie) … Un doux mélange entre Cendrillon et la Princesse aux petits pois dans une version moderne. Nous suivons Victoria de son enfance (elle a alors 9 ans au début du roman) jusqu’à l’âge adulte quand elle devient alors mère de Mary et Dickson, deux enfants et deux pères différents. A la suite d’une grossesse, d’un flirt amoureux entre Victoria et Thomas, deux univers se mêlent, s’entremêlent et se rencontrent. Celui de Victoria, issue des bas quartiers et celui des Stanevey, une classe supérieure, riche famille de blancs imprégner d’une richesse londonienne solaire. Une famille décomposée d’un côté et l’équilibre (en apparence) de l’autre.
Victoria savait que les Staveney étaient célèbres. Elle avait fini par le savoir. Célèbres : ainsi qu’elle les définissait, par ce mot signifiant qu’ils étaient à mille lieues de la masse indistincte des gens ordinaires.
Comment deux univers si différents font-ils pour communiquer ? Que transmettre à une enfant, la petite métisse Mary, dans une opposition permanente ? Comment lui offrir des repères, des valeurs communes ? Doit-on la priver de toutes ces richesses auxquelles elle a droit ou au contraire lui offrir cette belle opportunité de fréquenter un milieu qui ouvre toutes les portes ?
Autant de questions que pose ce roman autour de l’inégalité de classe, du racisme, et de la discrimination. On y capte le regard d’une mère sur sa propre enfance, l’histoire qui pourrait se répéter mais qui ne le doit pas, la question de survie et d’avenir qui se pose est centrale et le fruit de tous les tourments. Un roman à lire pour ce qu’il est, un conte social qui ne joue pas avec la caricature des classes et des genres mais tente une approche en toute justesse.