Big Pepper. J’ai découvert cette nouvelle maison totalement par hasard au cours d’une veille éditoriale sur le net. C’est clairement la couverture de l’album (illustrations par Fanny Vella) qui m’a tout de suite interloquée et m’a beaucoup fait penser à celle du Chemisier de Bastien Vivès. Le rappel du jaune très certainement et la référence vestimentaire. Toujours est-il que cette petite robe jaune nous poursuit sur toutes les planches de cette bande-dessinée comme un symbole, celui de l’enfance, celui du personnage principal.
Les autres couleurs ? Une variation de bleu et de blanc. Celle qui porte cette lumineuse robe c’est Emmanuelle l’auteure de la BD. Nous sommes bel et bien dans un récit autobiographique. En portait-elle une de cette couleur étant petite ? Une tenue fétiche qu’elle chérissait et qui la faisait se sentir bien sa peau même dans les moments les plus tristes ? Parce que oui malgré cette présence solaire, cet aplat qui fait resortir chaque page il ne s’agit pas d’un joli conte, d’une jolie petite robe noire Guerlain qu’on sortirait pour une grande occasion, ni d’une histoire guillerette qu’on se raconte les jours de pluie pour se remonter le moral.
Résumé :
Emma grandit entourée de ses parents – et grands-parents, à fortes tendances aux dépendances en tous genres ; du gin à l’héroïne, en passant par les jeux d’argent. Elle est fille unique, la confidente idéale pour ses parents ! Au fur et à mesure qu’elle évolue, elle apprend, elle comprend, et elle se responsabilise. Elle fait ses propres choix pour aborder sa vie d’adulte aussi sainement que possible. Un parcours non sans embûches, la petite fille s’attribuant le rôle de parent sans le vouloir, mais avec des piliers essentiels : l’amour, et l’humour. Aussi caustique soit-il.
Effet “ascenseur émotionnel” garanti” !
La vie, ses désillusions et ce qu’on en fait
Alcool, drogue, psychiatrie, solitude, abandon, rejet, tristesse, déprime, incompréhension, angoisse … Emmanuelle a eu son lot de désillusions, de déboires, de casseroles, les fameuses dont l’enfance nous gâtent et que nous trainons comme une moule bien accrochée à son rocher. L’auteure révèle ici sa propre vie, faites de hauts et de bas, surtout de bas. Le tout avec ce qu’il faut de sévérité et de douceur sans jamais tomber dans le reproche. Cette autobiographique n’est pas un règlement de compte mais plutôt une prise de recul pour aider à l’acceptation. L’acceptation d’une enfance chaotique avec des répercussions certaines sur une vie d’adulte qui se construit et cherche ses repères. Comment fait-on pour grandir sans guide ? On tâtonne, on se trompe, on trébuche, on se blesse mais on se relève toujours. L’auteure dessine son enfance, sa relation avec ses parents, ses grands-parents, les hommes, son rapport à elle-même, les séparations, la maladie … Elle brosse les événements marquants, ceux qui ont jalonné son existence, elle dresse le bilan avec le regard d’une enfant.
T’as qu’à imaginer une BD. Tu verras que même les situations les plus aberrantes te paraîtront tout de suite beaucoup plus drôles.
Contre toute attente et après réflexion, j’ai perçu dans cette BD comme une déclaration d’amour d’Emmanuelle Lepoivre à ses parents. Une façon de dire : « Je ne vous en veux pas, vous avez fait ce que vous pouviez ». Et malgré les difficultés, elle sert aux lecteurs de petits rayons de soleil, elle nous donne ces petits riens, ces petites réjouissances improvisées, ces richesses incongrues qui lui font voir la vie sous un nouveau jour, un nouveau regard.
Un petit mot sur une maison d’édition toute jeune :
Big Pepper se donne pour objectif de publier des livres, et notamment ceux d’Alexandre et d’Emmanuelle. Véritablement créative, la maison d’édition se développe également autour de l’Art grâce à des partenaires (artistes, illustrateurs, auteurs…). Elle propose des livres ainsi que des carnets d’activités et autres produits issus des métiers artistiques et de l’imprimerie.
A découvrir en janvier 2020, une nouvelle parution de la maison d’édition, Le Seuil écrite et illustrée par Fanny Vella, une histoire de violences conjugales et de manipulations émotionnelles.
Merci infiniment pour ce bel article.
Je me sens… Comprise, et considérée… Et ça fait un bien fou à l’adulte que je deviens. Non, c’était pas tous les jours rigolo. Mais oui, ils ont fait du mieux qu’ils ont pu, et je les aime, mes parents torturés. Et je ne vois pas la vie en noir.
Pour info, je n’ai jamais porté de robe jaune étant enfant ! ou alors… juste symboliquement ! 😉
Grand grand merci encore. C’est vraiment est très bel article, qui me va droit au cœur que je vais m’imprimer 💕
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Merci beaucoup Emma pour ce commentaire dont je viens de prendre connaissance. Un vrai plaisir de le lire et d’écrire à son sujet. Pas de petite robe jaune ? Joli symbole alors qui relève toute la colorimétrie de l’ouvrage, du relief en adéquation avec les « péripéties » du personnage. Vivement la prochaine parution !
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