Impressions littéraires

« Les mutations » : Un humour décapant, vif et mordant

Quelle frustration ! J’ai lu ce roman de Jorge Comensal, Les Mutations, aux éditions Les Escales en juin dernier et avais hâte de vous partager ma lecture que j’ai trouvé rutilante pour ne pas dire succulente. Attention les adjectifs sont lâchés ! Un premier roman pour l’auteur mexicain, Jorge Comensal, qui signe ici une fresque humaine tragique auréolée d’un voile médical, le tout se prenant rapidement les pieds dans un humour décapant, vif et mordant.

Résumé :

A cinquante ans, Ramon, avocat brillant et père de deux adolescents, découvre qu’il est atteint d’une forme rare de cancer. Son seul espoir de guérison : une amputation de la langue. Un drame pour celui dont la verve fait le succès professionnel. Désormais privé de parole, Ramon se lie d’amitié avec un perroquet amateur de grossièretés et fait la connaissance de Teresa, sa psychanalyste friande de gâteaux au cannabis, et d’aldana, son médecin, convaincu que le cas de Ramon pourra lui apporter une renommée internationale. Confrontés à leurs incertitudes, tous les trois vont faire l’expérience des bouleversements engendrés par la simple mutation d’une cellule microscopique.

Quand la tragédie prête à rire

Il n’y a rien de drôle dans la maladie j’en conviens mais Jorge Comensal choisit de plomber la vie de son personnage principal, Ramon, par un cancer de la langue qu’il faut amputer. Imaginez donc un homme troquant l’aisance oral et un vocabulaire soigné contre une succession de sons gutturaux sans queue ni tête. La situation prête à rire. Ramon perd donc en peu temps l’usage de sa langue, sa prestance professionnelle, un peu de dignité, une grande part de confiance et se retrouve cloîtré chez lui avec sa femme de ménage qu’il missionne pour donner du sens à tout cela.

J’ai tout de suite adhéré à cette tragicomédie qui débute un peu comme du Francis Weber (Le diner de cons, Le grand blond avec une chaussure noire, L’Emmerdeur …), un peu moins avec le pan très médical sous couvert de l’intervention d’un chirurgien ou d’une psychologue pratiquant la prise d’opiacés pour soulager ses patients. Les termes employés sont très techniques et j’avoue avoir sauté quelques passages ce qui n’a rien changé à ma lecture.

Il eut une bouffé de nostalgie. Où pouvait bien être sa langue à présent ? Dans un sachet scellé, un congélateur, un four ?

Un perroquet pour sortir du trou

Dernièrement, j’ai lu quelques romans où l’animal qu’il soit domestique ou sauvage nourrit le récit de la plus belle des façons. Je pense notamment au livre Le chien de Madame Halberstadt de Stéphane Carlier que je vous conseille fortement. Ici, Jorge Comensal a choisi le perroquet pour amener un peu de douceur, de drôlerie et de rebondissements à la vie de Ramon. Et ça fonctionne ! Nous aimerions presque que le roman nous entraine uniquement dans leurs aventures sans qu’aucun autre personnage n’intervienne. A part peut-être cet Eduardo, un étudiant hypocondriaque qui multiplie les incertitudes, les doutes, les actes manqués et les boulettes. Un trio Ramon, Eduardo et le perroquet aurait été parfait. J’ai d’ailleurs peu accroché avec le personnage de Teresa la psychanalyste, je l’ai trouvé relativement effacée, insipide et n’est pas réussi à la saisir.

Les mutations tient à sa bonne dose d’humour, aux situations décalées et à l’originalité de l’histoire. Un premier roman prometteur mais qui aurait mérité d’être épuré de son aspect plus médical.

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