Comme les romans d’Olivier Norek, j’attends toujours ceux de Franck Thilliez avec la même impatience. Quand la maison d’édition Fleuve Noir a dévoilé la couverture de LUCA, la pression est montée d’un cran et les assidus de l’auteur se sont préparés à recevoir cette nouvelle flèche en plein coeur. Nouvelle flèche décochée par un Franck Thilliez toujours aussi fougueux dans l’écriture, multipliant les prises de risque, cumulant les affaires pour ne former qu’une seule et même enquête truffée de ramifications. Avec LUCA, il explore les travers de la manipulation génétique, d’internet, des réseaux sociaux, les nouvelles technologies et la science. Vaste programme !
Résumé
Partout, il y a la terreur.
Celle d’une jeune femme dans une chambre d’hôtel sordide, ventre loué à prix d’or pour couple en mal d’enfant, et qui s’évapore comme elle était arrivée.
Partout, il y a la terreur.
Celle d’un corps mutilé qui gît au fond d’une fosse creusée dans la forêt.
Partout, il y a la terreur.
Celle d’un homme qui connaît le jour et l’heure de sa mort.
Et puis il y a une lettre, comme un manifeste, et qui annonce le pire.
S’engage alors, pour l’équipe du commandant Sharko, une sinistre course contre la montre.
C’était écrit : l’enfer ne fait que commencer.
Le duo Hennebelle Sharko mis de côté au profit de l’enquête
Heureuse de retrouver le duo de flics, empreinte fidèle de Franck Thilliez qui renoue avec eux de temps à autre pour poursuivre les aventures de Lucie Hennebelle et de Franck Sharko. Ils n’officient plus au 36 Quai des Orfèvres mais au Bastion. Un déménagement des locaux pour une nouvelle page en demi-teinte. Dans LUCA, le binôme de feu s’efface pour laisser un peu plus de place aux autres membres de l’équipe et plus particulièrement à Nicolas.
Même si leur réflexion est la même : « Pourquoi fait-on ce travail de dingue ? Quand allons-nous passé plus de temps avec les jumeaux ? Le monde est à vomir et pourtant nous avons tous deux besoin d’être confrontés aux pires horreurs, besoin de l’adrénaline de l’enquête … » Franck Thilliez n’insiste pas sur cette redondance des ressentiments à laquelle nous sommes habitués mais décide a contrario de changer de point de vue en se focalisant sur l’histoire de Nicolas Bellanger. Ce dernier ne se remet pas du terrible et sauvage assassinat de sa compagne Camille (lu dans Pandemia) et doit passer par un programme spécial pour se défaire de ce drame qui le ronge au quotidien.
Un choix de la part de Franck Thilliez que j’ai particulièrement apprécié. Certes, j’adore suivre le couple star de ses romans mais je commençais à observer une certaine lassitude et j’ai été ravi de le voir décortiquer la psychologie de Nicolas, de lui donner plus de substance, de présence, de place. Un vrai régal !
Le vidéaste avait diffusé sa vidéo sur Facebook avant de la retirer un quart d’heure après, mais ça avait été trop tard. Les chaînes et les journaux s’en étaient emparés. Tout ce qui tombait dans la marmite internet y cuisait pour l’éternité
L’enfer d’internet et des réseaux sociaux
J’ignore comment Franck Thilliez se positionne face aux réseaux sociaux et aux dérives d’internet mais il a réussi à créer chez moi un sentiment d’oppression face à la toile. Adepte des réseaux sociaux, mais surtout d’Instagram, naviguant quotidiennement sur Google, j’ai eu envie, à l’issue de ma lecture, de me désinscrire de tous et de verrouiller chaque application de mon téléphone. Je savais déjà que les données qui transitent via mes recherches pouvaient être utiliser à des fins commerciales et autres. Une intrusion dans nos vies qui dépasse avec Franck Thilliez tout ce que j’avais pu imaginer.
Mes sentiments : vertige et effroi. Et quand on sait que l’auteur façonne ses manuscrits avec une dose incroyable d’informations collectées lors de recherches méticuleuses, je me suis réellement posée cette question : « Cette fois-ci tout est-il réellement basé sur une réalité ? Est-ce vraiment possible ? ». Et c’est ce que j’apprécie chez lui, cette capacité de mêler la fiction et le réel pour nous faire prendre conscience des dérives d’une société où le darknet, par exemple, est beaucoup plus puissant qu’on ne semble le croire.
Avec LUCA, Franck Thilliez nous sert sur un plateau, la manipulation. Qu’elle soit scientifique, génétique, informatique … Les enquêteurs se noient dans une toile épaisse dont il ne maitrise pas grand chose surtout Sharko qui se sent la plupart du temps dépassé par ce marasme connecté.
L’horreur n’est pas forcément teinté de sang et nous offre ici toute la subtilité de ses profondeurs.