Stéphane Carlier est de ceux qui entretiennent le corps et l’esprit. En pleine séance de sport, il a accepté de répondre à mes questions -« ça me permettra de faire une pause ». Ce grand voyageur (Lisbonne, Inde, États-Unis …) a posé ses valises à Chalon-sur-Saône où il a pris de nouvelles habitudes. Le chien de Madame Halberstadt est son 6e roman et il en parle avec beaucoup d’amusement.
Dans Les gens sont les gens, une psychanalyste rencontre un porcelet, dans ce nouveau roman Le chien de Madame Halberstadt, Baptiste Roy, le personnage principal, doit garder Croquette, le carlin de sa voisine. Vous semblez entretenir un rapport particulier avec les animaux.
Depuis des années, je rêve d’avoir un chien ou un chat. Jusqu’à maintenant, je vivais à l’étranger et je ne pouvais pas me le permettre mais maintenant que je vis à Chalon-sur-Saône c’est différent. Mon appartement est encore trop petit pour le moment. Je compte donc emménager les combles pour accueillir un animal de compagnie. Je pense surtout que j’écris sur les animaux par frustration. Dès qu’il y a des oiseaux je les nourris, je suis du genre à m’arrêter dès que je vois un chien. Je suis gaga avec eux et en même temps fasciné par le rapport de l’homme avec l’animal.
Il y a donc des chances pour que votre prochain roman mette en scène un animal ?
Tout à fait ! Je suis justement entrain d’écrire mon 7e roman autour d’un chat, dont je tairais le nom puisqu’il s’agit du titre du livre, inspiré du félin d’une connaissance. Pour Croquette, je me suis inspiré de Nina, le carlin de mon meilleur ami. Malheureusement, elle est décédée quelques mois avant la parution. C’est d’ailleurs elle qui pose sur la couverture !
Le titre du roman m’a surprise. Le nom de famille de cette voisine surtout, « Halberstadt », pas facile à retenir ni à prononcer. D’où vient-il ?
Je voulais un roman un peu bizarre, plus subtile avec une sensation de vérité. Il me fallait un personnage avec un nom marquant. Puis j’ai repensé à l’humoriste Zouc, plutôt connue dans les années 70. Elle mettait en scène une dame avec un nom de famille Suisse dont j’ai oublié le nom. C’est en pensant à elle et à ce personnage humoristique que j’ai créé Madame Halberstadt.
L’homme a besoin de croire en la magie
Dans votre roman, le lecteur prend connaissance de la liste des belles choses de Baptiste Roy, le personnage principal. S’agit-il de vos belles choses à vous ?
Que oui ! A part 3 ou 4 choses que j’ai inventé pour le bien du roman, ce sont mes belles choses. Quand mon frère Carlito (Raphaël Carlier) a lu le livre mais surtout ce passage, il m’envoyait des sms en parallèle me disant : « Il faut absolument que tu écrives un livre avec uniquement une liste de belles choses ».
Dans votre roman, Croquette est magique et permet à Baptiste Roy de voir sa vie s’améliorer. Doit-on y croire ?
Si vous vous placez d’un point de vue rationnel, ce n’est pas possible. Imaginez qu’un jour un chien rentre dans votre vie, il n’a rien de spécial et pourtant tout va mieux. Les bonnes nouvelles arrivent au fil de l’eau. Je pense que l’homme a besoin de croire en la magie et de se laisser surprendre.
Avez-vous un rythme d’écriture plutôt soutenu ? Sentez-vous une progression depuis votre premier roman ?
J’ai la sensation d’écrire de plus en plus vite. J’ai mis cinq ans pour écrire Grand Amour ! Aujourd’hui, j’ai l’impression de maitriser de plus en plus, de renforcer ma technique d’écriture. Il n’y a pas de secrets, on progresse tous avec de la pratique. La peur peut également être un facteur important. Quand je relis Actrice, je lis la peur à chaque ligne, je sens la fragilité de mon écriture de l’époque.
J’adore les romans d’espionnage, les livres plus intellectuels
C’est la première fois que vous êtes édités chez Le Tripode. Quelle est votre histoire avec cette maison ?
Mon cinquième roman Amuse Bouche, édité au Cherche Midi, n’a pas très bien marché au moment de sa sortie, j’ai donc eu envie pour Le chien de Madame Halberstadt de l’envoyer à plusieurs maisons sous le nom de Baptiste Roy, mon personnage principal, que les éditeurs ne soient pas influencés. J’ai eu trois réponses dont celle de Frédéric Martin aux éditions Le Tripode. Il a été le premier et n’a rien lâché.
Comment vous a-t-il convaincu ?
Ce n’était pas très compliqué. Même si Gallimard avait voulu me publier j’aurais signé avec Frédéric pour la simple et bonne raison que j’ai une réelle admiration pour cette maison d’édition. J’avais lu il y a quelques années L’ Art de la joie de Goliarda Sapienza et étais totalement tombé sous le charme de ce texte que j’avais trouvé magnifique. Il faut absolument que vous le lisiez !
Vous écrivez de la comédie. Êtes-vous également un lecteur du genre ?
Alors pas du tout. Il y a mon style d’écriture et mon style de lecture qui sont complètement différents. Je suis plus sinistre dans mes lectures avec des auteurs sérieux comme Jean-Paul Dubois par exemple. J’adore les romans d’espionnage, les livres plus intellectuels.
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