Quand Matthieu Parcaroli m’a proposée de recevoir son livre, j’ai tout de suite dit oui ! Des livres, j’en lis beaucoup, mais il est rare de pouvoir discuter avec son auteur, de sentir l’excitation de la parution dans ses tweets, de pouvoir lui dire « merci pour votre livre », et de pouvoir partager son enthousiasme.
J’avais hâte de le lire mais encore plus de mettre quelques mots sur ce premier roman, Le Cri des corbeaux aux Editions Lattès Le Masque. Pour moi, cette maison d’édition, c’est Agatha Christie, une association évidente, gage d’une qualité, non sans faille, mais pleine de promesses. Et encore une fois, la promesse est tenue.
De quoi est-il question ?
Après avoir participé à un concours en ligne, Julie et Théo gagnent un week-end pour deux tous frais compris dans une sublime villa à la montagne près du lac des corbeaux.
Pour ce jeune couple modeste, c’est le voyage de noces qu’ils n’ont jamais pu s’offrir. Sur place, le rêve s’arrête net lorsqu’ils voient débarquer un autre couple, eux aussi vainqueurs du concours. Comble de la malchance, le lieu, perdu dans la nature enneigée, ne semble pas desservi par le réseau. Impossible de contacter les organisateurs du jeu. Mais le séjour romantique bascule véritablement dans le cauchemar lorsqu’ils se rendent compte être enfermés dans cette immense propriété et que l’un d’eux disparaît au cours d’une coupure d’électricité.
La peur est un vilain défaut… et nos personnages vont l’apprendre de la plus cruelle des façons.
Un huis clos psychologique qui commence comme une jolie romance
Un village. Les montagnes Vosgiennes. Un lac. Un couple. Puis un second. Des personnalités que tout oppose. Des coupures d’électricité. Une muraille de barbelés autour de la propriété. Le décor est finement planté. Un huis clos psychologique qui commence comme une jolie romance. Julie et Théo travaillent tous les deux dans une boulangerie dont ils sont propriétaires et éprouvent le besoin de se retrouver. Le jeu que gagne Julie est l’occasion parfaite. Tout est calé comme du papier à musique. La voiture qui passe les chercher. Le chauffeur mystérieux, brut de décoffrage et directif. Les vitres tintées pour camoufler la route. Et après tout, pourquoi pas ! Mais petit à petit, nous comprenons que le cumul des événements n’est pas le fruit du hasard. Tout est orchestré. Point de bascule du roman, le premier enlèvement. Celui d’Agathe. A partir de cet instant, tout bascule.
Le patient phobique va s’inventer des événements néfastes qui ne se sont pas encore produits et qui ne se produiront – pour la plupart – jamais.
Des particularités narratives pour rythmer le récit
Peur, fureur, suspicion, hystérique, doute … Le théâtre des émotions les plus tortueuses se dresse petit à petit. Matthieu Parcaroli, malgré le volume des pages (240 pages), réussit à tisser cette toile en distillant les éléments les uns après les autres. Juste ce qu’il faut pour tirer le fil au fur et à mesure et éveiller nos soupçons. Il met en place des particularités narratives qui permettent de rythmer le récit et fonctionnent comme des repères de lecture : les phrases en italique sorties tout droit de l’esprit des personnages comme une réflexion personnelle qu’on se fait parfois à nous-mêmes : « A moins qu’il ne soit cassé. A moins qu’il n’y ait plus de courant ».
Les changements de points de vue apportent également du rythme. Le « elle/il » devient « je » quand Matthieu Parcaroli s’attache à remonter le temps et à nous faire comprendre l’origine des phobies de Théo, Julie, Simon et Agathe comme la claustrophobie ou l’arachnophobie. Le lecteur est plongé dans leurs histoires personnelles et devine, derrière les traits de caractères de chacun, les fêlures qui les habitent enfouies profondément dans les interstices de leurs âmes. Le jeu des poupées russes fonctionnent et nous tient en haleine.
Tous les ingrédients pour un bon thriller sont là. C’est juste, prenant, stressant et angoissant ! L’imagination carbure à 100 à l’ heure et en un rien de temps les mains sont moites et plus rien n’existe.
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