Il y a bien longtemps que j’ai ce livre dans ma bibliothèque, acheté au moment de la sortie du film de Spike Lee, Blackkkansman – J’ai infiltré le Ku Klux Klan. Mais je l’avais laissé de côté au profit d’autres ouvrages plus « urgents ». Ron Stallworth, l’écrivain, est le fameux policier noir qui a infiltré dès l’automne 1978 la section locale Ku Klux Klan à Colorado Springs.
Au tout début, je me suis vraiment demandée comment un noir à la fin des années 70 a-t-il pu intégrer le mouvement le plus raciste, le plus violent et le plus contestataire de cette époque. En réalité, on comprend vite que Ron Stallworth a en réalité amorcé l’approche au téléphone et suivi de loin, depuis une camionnette planquée ou depuis son bureau, l’infiltration d’un collègue, Chuck. De loin, j’exagère puisqu’il y a dirigé l’enquête et commandé la plupart des actions réalisées par son co-équipier.
Ron Stallworth a donc trouvé bon de raconter son histoire vraie dans un récit témoignage, publié chez Autrement. D’ailleurs la maison d’édition ne manque pas de signaler qu’il « se lit comme un thriller ». Pas à ce point là ! L’histoire m’intriguait vraiment et j’étais curieuse de connaître les rouages, les pièges, les entrées, les artifices d’une telle infiltration. Je voulais du croquant, du suspens, de la poursuite, de l’erreur, la galipette de dernière minute qui permet de rattraper le tout. Au final rien de tout cela. C’est le témoignage d’un flic noir qui réussit à gravir les échelons malgré les bâtons racistes qu’on a pu lui mettre dans les roues et qui raconte point par point son enquête avec les détails parfois un peu trop : « j’écris mon rapport à la fin de ma journée de patrouille ».
Le succès se mesure parfois non pas à ce qui se passe, mais à ce qu’on a évité.
Si vous êtes un fan de cette période de l’histoire américaine, vous y trouverez sans aucun doute votre compte dans le côté très documenté du récit. Il y a des éléments historiques intéressants et Ron Stallworth resitue les bases et la naissance du Ku Klux Klan permettant de mieux comprendre le processus de développement de cette communauté. Pour ma part, je m’attendais à un témoignage plus romancé. Je n’ai pas encore vu l’adaptation cinématographique et ne sais jusqu’à quel point Spike Lee s’est inspiré du livre et jusqu’à quel point il s’en est détaché. Mais « Un noir au sein du Ku Klux Klan » est clairement le sujet parfait pour un roman. Avis aux auteurs !