Patti Smith. J’attends toujours avec impatience le prochain album, le prochain shooting photo, la prochaine interview mais surtout la prochaine publication. Après M Train en 2016, voici Dévotion en 2018 aux éditions Gallimard. Aussitôt déballé au pied du sapin, aussitôt lu. Je ne pouvais attendre plus longtemps avant de me plonger dans cet ouvrage dont je ne savais strictement rien. Se laisser surprendre quel plaisir !
Comme M Train, Dévotion débute comme un carnet de voyage rédigé entre deux cafés, qu’elle adore boire, deux cimetières visités, elle adore l’ambiance qui s’en dégage, deux trains à grande vitesse qui l’emmène ici à Paris pour un rendez-vous avec les éditions Gallimard justement. Patti Smith se livre avec poésie, frôle ce qui l’entoure avec délicatesse tout en saisissant l’essence même de chaque chose, la beauté dans la grisaille, un message dans un rayon de soleil … Entre Camus, Nabokov et Simone Weil, l’artiste erre dans les rues de la ville sur les traces de Picasso et de Victor Hugo, s’asseyant en terrasse du Café de Flore avec « une assiette d’oeufs au jambon et du café noir ».
Et dans sa chambre d’hôtel, quand la nuit ne saisit pas son sommeil inspiré, elle est fascinée par un championnat de patinage artistique où une athlète Russe de 16 ans propose un programme parfait.
« Les choses lentement se mettent en branle. Il y a un bout de crayon dans ma poche »
Des petits riens, des pérégrinations qu’elle parsème, qu’elle offre … Une vie de contemplation constante qui offre aux lecteurs un instant de nostalgie, de mélancolie. Comme pour M Train, je m’attendais à la suivre ainsi jusqu’à l’issue de l’ouvrage mais en réalité Patti partage ses moments de vie, ses sources d’inspiration les plus riches. S’ensuit la partie roman, l’histoire d’une jeune femme dont le patinage est la raison de vivre et qui croise sur son chemin un homme, une représentation masculine étrange entre la figure paternelle et sexuelle. Il est très étrange pour moi de retrouver Patti en romancière, je suis plus une habituée de sa poésie, de ses récits autobiographiques … Et il faut bien l’avouer, elle réussit l’exercice avec talent !
La finalité est une courte analyse sur le processus d’écriture. Elle-même se demande : « Pourquoi est-on poussé à écrire ? ». Dans Dévotion, Patti laisse à voir son processus, ce qui peut lui passer par l’esprit, ce qu’elle note dans ses carnets et comment rassemble-t-elle le puzzle des éléments glanés au quotidien. Nous captons son cheminement et pouvons au gré de la lecture du roman faire des parallèles avec ce que nous venons de lire de ces quelques jours à Paris.
Le tout ponctué, comme à son habitude, de photographies, fenêtres sur son monde dont nous aimerions faire partie rien qu’une minute.
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