J’ai découvert Olivier Bourdeaut grâce à l’émission de Frédéric Lopez, Mille et une vies (« De cancre à auteur à succès »). L’auteur y racontait son histoire, l’implication de son frère dans son travail d’écriture, le soutien de sa famille, son parcours d’écrivain semé d’embuches pour déboucher sur une première publication En attendant Bojangles, une merveille ! J’ai eu un véritable coup de cœur pour ce premier roman, truffé de sincérité, d’amour, de folie, d’humour relatant le chemin d’un trio entre parentalité et enfance menacé par la maladie psychiatrique de la mère. Le récit, loin de s’embourber dans le pathos, choisit de saisir les instants heureux et, quitte à sombrer totalement, cette joyeuse petite famille décide de suivre cette éblouissante figure maternelle dans la folie et de faire de leur vie une fête quotidienne.
Un second roman fracassant
J’espérais, au fond de moi, qu’Olivier Bourdeaut ne s’arrête pas là. Et fort heureusement, il s’est remis à écrire et a récemment sorti son deuxième ouvrage, Pactum Salis. Quand on découvre un auteur, qu’on adhère à son style et son univers, on attend toujours beaucoup d’une seconde lecture guettant les indices qui nous rappelleraient la première découverte. Dans Pactum Salis j’ai retrouvé le charme Bourdeaut mais avec un « je ne sais quoi » de différent, de plus mûr, de plus osé et fracassant.
Les marais lui laissaient cette liberté de comportement. Il en profitait pour hurler, chanter, rire, raisonner à ciel ouvert, faisant des oiseaux les seuls juges des fluctuations de ces états d’âme
Je ne me suis pas mise dedans immédiatement, j’ai un peu peiné à trouver mon rythme, à m’attacher aux personnages de Jean, le paludier, et à celui de Michel un agent spécialisé dans l’immobilier de luxe profitant de « vacances » méritées dans un hôtel de La Baule. L’auteur les prend un par un, défile la bobine de leur vie jusqu’à prendre deux épingles pour crocheter le tout et former un canevas parfait. Leurs routes se croisent et alors le roman prend une toute autre tournure et enfin, je plonge.
Querelle d’ego et de testostérone
Don Quichotte et Sancho Panza, Laurel et Hardy … Ce binôme détonnant se rencontre sur un malencontreux débit d’alcool menant Michel et sa « Pursche » dans les salines de Jean. Cet hasard, à deux doigts du meurtre, va les conduire à un jeu de chien et chat, un sempiternel « je t’aime moi non plus » auréolé d’une querelle d’égo et de testostérone. Ils s’admirent autant qu’ils se détestent. Pactum Salis, c’est l’histoire de deux hommes que tout oppose et qui s’apprivoisent sans jamais se trouver. Olivier Bourdeaut fait de Jean un homme cultivé, rustre, isolé, célibataire, entouré par le silence rythmant son quotidien, par des allers et venues aux marais salants.
J’ai d’ailleurs eu la sensation d’avoir affaire à un homme d’une soixantaine d’années, à quelques mensualités de la retraite alors qu’il n’en est rien. De son côté, Michel est décrit comme un nouveau riche, plutôt bling bling, à la drague facile. Ces deux-là n’ont rien pour s’entendre et pourtant. Ce dernier décide pour rattraper sa bourde (il a évacué des litres de boissons sur les monticules de sel) d’apporter son aide à Jean.
De l’odeur du sel à celle du sang
Le deuxième roman d’Olivier Bourdeaut est un petit régal. Il y a toujours cet humour tranchant, ironique et vif. Tantôt l’air iodé fouette le visage du lecteur de plein fouet, tantôt c’est l’odeur du sang qui se fait de plus en plus présent. L’auteur arrive parfaitement à passer de l’un à l’autre, de l’ambition au désintéressement, de la simplicité à la prétention. Il jongle entre ses deux antonymes dans l’écriture, le ton et le vocabulaire. Un vrai moment de plaisir, un peu à la Francis Veber !
Je ne connais pas du tout cet auteur mais l’histoire à l’air de sortir un peu des sentiers battus ! Il m’intrigue assez 🙂
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Il est vraiment superbe ! Mais si tu dois rencontrer l’écriture d’Olivier Bourdeaut pour la première fois je te conseille vivement « En attendant Bojangles ». Mon coup de coeur de 2017 les larmes aux yeux avec
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