A propos de Bob Dylan, ne lui dites pas : « Je pensais qu’il était mort ! », où vous risqueriez de vous attirer ses foudres. Avec 17 concerts à son actif (Rome, Dublin, Paris, Genève, Amsterdam …) – dont trois sans billet en poche- Benjamin, alias Gengis_khan sur le forum français dédié au « vieux », comme il le surnomme affectueusement, est un véritable passionné. Il a 19 ans quand il voit Bobby sur scène pour la première fois. Un souvenir qui ne l’a jamais quitté. Ouvrages, vinyles, articles, vidéos … Rien ne lui échappe. Ne vous attendez pas à trouver chez lui une pièce entièrement dédiée à l’artiste. Sa mémoire est sa meilleure amie et il glane juste ce qu’il faut pour apprivoiser Robert Allan Zimmerman. Demain soir, il sera d’ailleurs en Allemagne pour suivre une partie de sa tournée. Juste avant de partir, il est revenu sur sa rencontre avec Bob et les années qui ont suivi.
Te souviens-tu de ta première rencontre avec l’oeuvre de Bob Dylan ?
Parfaitement ! Un ami avait mis une compil’ sur mon iPod avec différents artistes, plusieurs albums, un peu de tout. Je faisais défiler les titres en aléatoire et cette voix est arrivée à mes oreilles avec « Blowing in the Wind » puis « Masters of War ». Un hasard total. Encore par hasard, je suis ensuite tombé sur la vidéo de la performance de Warhol avec Bob Dylan au coeur de cette réalisation. Une vraie claque ! Il ne m’en fallait pas plus. Je suis allé à la Fnac et ai demandé au vendeur l’album où je pouvais retrouver ces deux chansons. Il m’a conseillé The Freewheelin’ Bob Dylan. La pochette m’a immédiatement parlé. On y voit Bob Dylan marchant dans les rues de New-York avec sa compagne de l’époque Suze Rotolo. Le cliché m’était familier. Je suis donc reparti le CD en poche. C’était en septembre 2008.
Qu’as-tu ressenti en te plongeant dans cet album ? Le premier d’une collection à venir …
Je l’ai écouté en boucle. J’étais amoureux à ce moment-là et cet album regorge de chansons d’amour ! Je ne sais plus par quels moyens mais par la suite j’avais réussi à récupérer un best of The essential. Il y avait un panaché de plusieurs périodes de Bob Dylan. Lui aussi tournait en boucle. Les changements de voix, de styles musicaux me fascinaient totalement. J’avais une véritable soif d’écoute et avoue avoir téléchargé illégalement toute sa discographie. J’avais surtout envie d’explorer sa période folk et électrique des années 60. En plus de sa musique, je voulais en apprendre plus sur sa vie. J’ai commencé par lire la biographie de François Bon avant de visionner le film Don’t look back de Penny Becker et The Other side of the mirror, un documentaire sur son concert au Festival de New-Port au début des années 60 toujours.
Bob Dylan est un personnage très controversé. Que penses-tu de lui ?
Quels souvenirs as-tu de ce concert aujourd’hui ?
C’était un moment intemporel et inespéré parce que voir cet homme sur scène, c’était voir ses 15 000 visages. Un instant volé. Comme si cette légende, qui aurait dû mourir à 1000 reprises, nous faisait ce cadeau d’être encore là, sur scène. J’ai versé ma larme en le voyant au loin se dandiner. Un mirage. Hypnotique ! Il a ouvert le concert avec « Cat’s in the well », un titre de 1990 complètement anecdotique. Un blues rockabilly qui a mis les points sur les i d’entrées de jeu. J’ai dégainé les jumelles sur « Masters of War ». C’est à ce moment-là que j’ai pleinement réalisé que j’avais Bob Dylan en face de moi.
Tu l’as vu 17 fois sur scène. Quel a été ton meilleur concert ?
Sans aucune hésitation son concert à Rome, le 6 novembre 2013, à L’Atlantico. Il y jouait deux soirs et j’avais un billet pour le premier concert. Une date de plus dans sa tournée où il jouait le même set encore une fois. Sauf que ce soir-là, il a tout chamboulé. Il a chanté des chansons qu’il n’avait pas joué depuis longtemps. Il a surpris tout le monde. Il y avait une ambiance incroyable. Dès la première chanson, j’ai senti que ce serait un moment unique que je garderai toujours en mémoire.
Pour trois de ces concerts, tu n’avais pas de billets et tu as réussi à rentrer dans la salle gratuitement …
En 2015, à Mayence en Allemagne, j’ai rencontré Laurette, une Bobcat, une fan qui suit Dylan partout. J’étais angevin à ce moment-là et elle venait d’Angers également. Nous avons sympathisé. Elle a vu Dylan pour la première fois en 1979 à San Francisco. Depuis, elle le suit sur toutes ses tournées. Je me suis immédiatement demandé comment elle faisait pour acheter des billets à chaque fois. En réalité, elle ne les achète pas. Elle demande aux gens à l’entrée des salles s’ils en ont un en trop. Et ils lui donnent. J’ai eu envie d’essayer à mon tour. J’ai tenté le coup sur trois dates. Ca a fonctionné à chaque fois. Pour mes prochains concerts, je vais faire la même avec mon petit panneau – « Suis gentil j’aime Bobby. Avez-vous un ticket en trop ? »- et mon plus beau sourire.
Qui sont les personnes qui te donnent les tickets ?
Une fois, c’est la soeur de James Trussart, l’un des luthiers de Bob Dylan qui, pour l’ouverture de la Scène Musicale à Paris, m’a tendu une invitation qu’elle avait eu de la part de Charlie Sexton le guitariste de Bob. Au moment où elle s’approche de moi , je lui demande si elle a un billet en trop. Elle me le tend et me dit : « Oui et je te le donne ! ».
Tu seras les jours prochains en Allemagne pour suivre une partie de sa tournée. Quel sera ton parcours là bas ?
Je monte directement à Krefeld. J’ai juste réservé un Airbnb pour le premier soir et compte faire du camping ou dormir dans ma voiture par la suite. Après Kriefeld, jour off, j’en profite pour faire du tourisme et me diriger tranquillement vers Bielfeld pour le deuxième concert. Puis Nuremberg pour finir par Baden Baden où normalement quelqu’un me vend un billet dans les premiers rangs. Je ne voulais pas louper cette date. Il est rare de voir Dylan dans une petite salle comme celle-ci ! C’est ma petite récompense de l’hiver. J’y retrouverai sûrement Laurette !
Dans quel état te trouves-tu la veille du départ pour l’Allemagne ?
J’ai huit covoiturages à gérer avant d’arriver en Allemagne. Je suis donc un poil stressé tant que je ne suis pas arrivé à destination.
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