Encore un Thilliez ! Et oui. Très certainement l’un des écrivains les plus renommés du genre avec des parutions à la pelle. Comme beaucoup de thriller et/ou policier, on lit les premières pages sans jamais pouvoir s’arrêter. On traine le livre partout et dès que l’occasion se présente, même quelques minutes, on se replonge rapidement et instantanément dans l’intrigue. Avec Franck Thilliez, le phénomène ne déroge pas à la règle mais il se trouve décupler tant l’histoire, les rebondissements, les personnages, les victimes, les crimes sont poussés à leur paroxysme pour devenir des scènes d’une réalité cinématographique assez dingue. Tant est si bien qu’avec Sharko un phénomène assez étrange s’est produit. A la moitié du livre, il est fait référence à un homme, plongeur/soigneur, qui, dans un aquarium à squales, se coupe volontairement la peau et attend calmement, et sans peur, son sort devant le public ébahi et quelque peu paniqué. Bien entendu, les requins affamés ne tardent pas à lui tomber dessus et lui arracher les membres un à un.
« Sharko comparait toujours les premiers jours d’une enquête à une partie de chasse. Ils étaient la meute de chiens stimulés par les cors, qui s’élancent à la poursuite du gibier. À la différence près que, cette fois, le gibier, c’était eux. »
Je m’arrête sur ce passage persuadée d’avoir déjà vu cette scène quelque part. Un film, une série, une vidéo You Tube … J’en parle autour de moi. Bredouille. Et pourtant, le film passe en boucle dans ma tête. Le visage du petit garçon collé contre la vitre de l’aquarium. Son papa protecteur lui cachant le visage. Cette femme qui recule de quelques pas sentant l’odeur du sang déferlé. La couleur de l’eau, un turquoise, vert eau balayé par les rayons du soleil. Le plongeur en combinaison comme suspendu dans les airs. Aurais-je rêvé cette scène ?! Jusqu’à ce que je retourne fourrer mon nez dans les quatre premières pages du livre et que je me dise BINGO ! Franck Thilliez a ce don de transformer chaque ligne en pellicule, d’en faire des images animées à tel point que la bobine se déroule dans notre tête pour en faire une réalisation très nette. En toute simplicité !
Dans cet opus, le 36 quai des Orfèvres doit faire face à un mystère de choix. Le meurtre dans sa propre maison de Ramirez, un homme sordide fasciné par le sang et le cannibalisme, perpétré par Lucie Hennebelle, inspectrice phare des romans de Franck Thilliez. Bien entendu, son compagnon Franck Sharko va arranger la scène pour que rien n’y paraisse et faire en sorte que leurs propres collègues reprennent l’affaire. Mais rien ne va se passer comme prévu.
Pandemia, Vertige, Puzzle, Angor, Rever et maintenant Sharko. Six de ses thrillers déjà lus sur quinze ouvrages. Un bon petit panel qui laisse le temps de se lasser d’une écriture, d’un univers et pourtant … Avec Franck Sharko et Lucie Hennebelle, ses deux personnages et inspecteurs fétiches, il multiplie les histoires sordides frôlant parfois l’horreur et le gore mais rebondissant juste à temps pour ne pas y basculer. J’adore son talent de romancier et suis toujours assez frustrée de me rendre compte que quelques semaines plus tard je suis incapable de me souvenir de l’histoire dans son intégralité tout du moins. Il ne me reste que des bribes, je peine à retracer le fil et saisir de nouveau la chute.
Et pourtant, les scénarii se suivent et ne se ressemblent pas. Et Sharko montre de nouveau cette capacité de Thilliez à se renouveler sans cesse tant est si bien qu’il finit même par impliquer les deux inspecteurs dans un meurtre. 567 pages et le lecteur retient son souffle chaque instant. Il retient son souffle tous comme nos deux personnages qui avancent dans l’enquête la peur au ventre d’être démasqués. Coup de poker pour l’écrivain qui met à mal ses deux piliers les mettant au coeur d’un groupuscule de vampyres (et l’orthographe à son importance) et d’un traffic au sein même de la banque du sang.
Un thriller époustouflant à lire avec soif et avidité !
Sharko de Franck Thillier. Editions Fleuve. 21€90.
4 commentaires sur “Avec Sharko, Thilliez met à mal ses deux inspecteurs fétiches”