Pérégrinations

Des courts-métrages, une grange et des transats

Totalement par hasard, j’entends parler d’un festival de cinéma en Oisans et plus précisément de courts-métrages. Curiosité attisée, je me précipite sur le programme. « A bientôt j’espère », le nom de l’association organisatrice, est une invitation à lui tout seul.

Son objectif : partager des films qui questionnent autant le monde que la manière de le mettre en images. D’origine Grenobloise, l’association se déplace sur le département avec, dans ses valises, le fruit de ses pérégrinations cinématographiques. L’occasion d’une Tournée d’hiver en Oisans.

Un programme. Huit dates et huit lieux. Une auberge (celle de l’Eau Blanche à Villard-Reymond), un café (La Cordée à Saint-Christophe-en-Oisans – une institution), un cinéma, un foyer municipal, une salle des fêtes, un atelier (celui du végétal arrosé par Laetitia et son art de récolter et cuisiner les plantes sauvages). Mais ce soir-là, c’est à Allemont, au Gîte du Chat Perché que nous attendait un cabaret de cinéma sur le thème « Paysages en courts ». Je connaissais déjà les lieux, propriété d’un ami, Styphen qui a relevé ses manches il y a quelques années pour faire de cette grande maison en vallée un lieu pour accueillir un cocon culturel et musical. Pari réussi.

19h30. Les places étant limitées, il y a peu de monde sur le parking. Une colonne lumineuse révèle le mot « cinéma » en lettres capitales. Aucun doute nous y sommes. Nous poussons la porte et sommes tout de suite accueillis par Loïc et Cyril, les deux chefs d’orchestre de ce beau projet associatif. « Servez-vous il y a des bières, du vin et entre chaque court-métrage nous discuterons de ce que nous venons de voir et nous vous proposerons une assiette apéritive différente. A la fin de la soirée, nous mettrons à votre disposition un chapeau. Chacun donne ce qu’il peut et ce qu’il veut. » Vous l’aurez compris « A bientôt j’espère » fait du partage son principal crédo.

20h. Nous sommes tous installés dans les transats. La séance commence. Du noir et blanc, l’écho des flots violents qui raisonne contre le corps résistant d’un berger et sa brebis. Le réalisateur, Artavazd Pelechian, est Arménien et peint, avec « Les saisons » la vie rude de ces hommes et ces femmes qui vivent avec la nature et dépendent d’elle. Plus léger, nous enchainons avec un court-métrage entre portraits de famille d’un peuple devant un décor peint et le paroxysme qui peut exister parfois entre modernité, réalité et envie. Plus curieux, « Cannot be anything against the Wind » : quelques minutes d’une superposition de paysages qui défilent les uns dans les autres, les uns à la suite des autres. Sans oublier, ce court-métrage – qui n’a pas fait l’unanimité- d’avions survolant de très près les quartiers de Hong Kong.

Pour ma part, j’ai eu un véritable coup de coeur pour « River Rites » de Ben Russell. Filmés en plan continu dans un site sacré en amont du fleuve Surinam, les secrets d’un animiste Saramaccan sont révélés dans la distorsion du temps. Dans cette séquence sont réunies à un seul et même endroit des scènes du quotidien. Mais pour ajouter à ces images encore plus de textures, d’échos et de matières, le réalisateur fait le choix de la monter à l’envers sur fond de techno trans. Un parti pris qui fonctionne. Théâtre, danse, improvisation, jeu et réalisme, tout se confond pour créer une fresque persistante et entêtante.
Et pour clore cette merveilleuse soirée, Styphen à la batterie et un de ses amis à la gratte ont accompagné le dernier court-métrage de cette belle sélection. Un film muet, en noir et blanc, qui donnait à voir un train, dérivant en plein coeur des Rocheuses, et ses passagers saluant avec leurs mouchoirs blancs. Un instant magique !

 

 

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